Dans l'ombre de son voisin très fréquenté le Pigne d'Arolla, voilà une jolie course, variée, pas trop dure, mais qui demande déjà de posséder un bagage alpin. Par Alain.

Itinéraire: J1: départ du chemin pour la Cabane des Vignettes depuis l'hôtel Kurhaus (parking) d'Arolla. Il est balisé, sans difficulté et remonte joliment la moraine jusqu'au Glacier de Pièce (env. 2700m). Depuis là on voit la plateforme pour l'hélicoptère de la cabane (3157m, 3h30).
J2: de la cabane rejoindre le col des Vignettes, longer le pied du Pigne d'Arolla direction sud puis descendre au col de Charmontane (3053m). Longer le Petit Mont-Collon et atteindre le bas de l'arête rocheuse qui descend de l'Evêque (1h). Remonter la pente ouest puis la grande pente nord jusqu'à une selle neigeuse (3528m, 1h) à gauche. Remonter une pente plus raide (35°- 40°) qui peut être parfois en glace et sortir sur une arête de neige horizontale. La suivre à droite jusqu'aux rochers. Remonter des gradins faciles mais branlants jusqu'à la brêche entre les deux sommets. Suivre l'arête à gauche jusqu'au point culminant (1h, 3h - 3.5h en tout).

Cette jolie course, pas trop longue depuis la cabane, est cotée F dans le topo du CAS, et PD sur C2C. J'opterai pour cette dernière cotation. Rien n'est difficile, mais il faut être à l'aise dans une pente un peu raide, savoir cramponner en pointes avant si la glace apparait et poser une broche le cas échéant. Il faut aussi pouvoir grimper éventuellement en crampons (gain de temps) sur des rochers instables et évoluer à corde tendue. Pas de panique, c'est pas dure, mais un peu d'expérience sera utile. Cette sortie variée (neige, rochers) fut d'ailleurs l'occasion de revoir nos bases !

La montée à la cabane se passe sans problème. Les nuages se dissipent quelque peu et le soleil tape bien pendant le trajet sur le Glacier de Pièce. Nous avons choisi de nous encorder, mais nous fûmes presque le seuls ! L'acceuil à la cabane des Vignettes est excellent, le gardien est souriant, très disponible pour donner des infos, et la nourriture délicieuse. Ca aide !

Nous nous levons le lendemain à 4h40 pour un petit-déjêuner à 5h. Nous démarrons à 5h45, sous un ciel partagé - nuages au nord et des éclaircies sur notre région - alors que la météo annonçait du beau temps. Le trajet se passe sans encombre jusqu'au pied de l'Evêque. La montée est d'ailleurs visible depuis la cabane.

La pente commence à se raidir un peu mais Maud, qui mène la cordée aujourd'hui, maintient un rythme régulier et nous nous retrouvons rapidement à la selle neigeuse. Au-dessus de nos têtes les nuages défilent à grande vitesse, mais le temps semble vouloir tenir pour le moment. Par contre nous sommes maintenant exposé au vent d'ouest. Nous sortons les coupes-vent et je mets mon bonnet, surmonté du casque.

Maud attaque la rimaye et la partie la plus raide de la montée. Nous craignions un peu celle-ci, sachant qu'elle pouvait être partiellement en glace. Mais les conditions du moments sont excellentes, nous trouvons même un peu de neige fraîche. Nous débouchons sur l'arête neigeuse pour découvrir la suite du cheminement, invisible jusqu'alors. Il reste encore du chemin, je pensais que la partie rocheuse était plus courte. Une petite traversée sur un peu de glace et nous rejoignons les rochers fragiles qui conduisent à la brêche entre les deux sommets. Maud cherche un peu son chemin, mais la grimpe reste facile. Une petite sangle parfois, un becquet de temps à autre, des anneaux de cordes à la main, et nous voilà rapidement sur l'arête finale. Il faut faire attention où l'on pose les pieds, les cailloux roulent et ce n'est pas très large. Encore un peu de neige présente permet de varier les plaisirs.

Et nous voilà au sommet à 8h45. Nous n'avons mis que 3h, contre 3.5h annoncées dans les topos. Pour une fois nous avons été efficaces ! Malheureusement la météo n'est toujours pas de la partie. Bien que les nuages soient au-dessus de nous ils cachent souvent le soleil, et les hauts sommets voisins sont pris dans la grisaille. Avec le vent toujours bien présent, nous ne nous attardons pas trop.

Pour la descente je laisse Maud passer devant et ainsi je peux l'assurer. Et elle choisir le meilleur itinéraire. C'est que nous sommes bien complémentaires, quand même ! La désescalade se passe sans problème, de même que le retour le long de la partie raide en neige. Le retour à la cabane, c'est que ça remonte - 150 m du col de Charmontane aux Vignettes - va m'achever... Je patiente à l'extérieur pendant que Maud va récupérer nos affaires.

Puis c'est la (longue) descente jusqu'à Arolla. Heureusement la neige molle sur le Glacier de Pièce accélère les choses. Retour sur la belle moraine, fleurie, avant d'enfin atteindre l'hôtel Kurhaus à 14h30.

Une belle et longue journée pour notre retour en haute-montagne, la première sortie depuis deux ans. Beaucoup de plaisir, et pas mal de courbatures le lendemain !