Le Mont-Blanc... c'est un rêve d'enfant! Qui n'a pas rêvé, jeune alpiniste en herbe, devant les cartes topographiques, ou devant les photos des "100 Plus Belles", en se disant qu'un jour il y foulera le sommet?

En ce qui nous concerne, l'aventure commence réellement en 2001. Après une belle saison à Chamonix, nous tentons une 1re fois notre chance début septembre, avec Alain Rauss, notre ami guide de Genève. Nous choisissons l'itinéraire du Gôuter, mais la neige fraîche, le vent, le froid et la fatigue eurent raison de nous au refuge Vallot! Une nouvelle tentative devra donc avoir lieu !

Jeudi 22 août 2002. Depuis lundi nous sommes basés au refuge des Cosmiques, avec Gilles Ravanel, notre autre ami guide, mais d'Argentière lui. L'acceuil au refuge est parfait, d'autant plus que c'est Laurence, la fille de Gilles, qui est la patronne...

En ce jeudi matin, le grand jour est donc arrivé. L'ascension est avancée d'un jour, question de météo.

2h45. Lever. Maud a plutôt bien dormi, moi assez mal, l'appréhension sans doute.

3h30. Départ sous une lune quasiment pleine; le paysage est... lunaire, fantasmagorique. Gilles a fixé un départ relativement tardif afin de ne pas être pris dans la multitude de cordées qui montent. Et en effet, nous sommes presque seuls quand nous attaquons la pente du Tacul. Le rythme est lent mais régulier, Gilles est fin leader! Nous ne sommes pas essouflés, nous sommes parfaitement acclimatés. Déjà nous rattrapons quelques cordées qui peinent.

5h20. Nous avons passé l'Epaule du Tacul avec 10 minutes d'avance sur l'horaire. Nous faisons une petite pause au Col Maudit. J'enfile ma veste d'hiver car le vent du SW qui nous accompagne depuis le début est plus sensible. Maud et Gilles s'habillent également. Les Pius sont à présent en Terra Incognita, ils n'ont jamais été plus loin! Nous découvrons la face nord du Mt-Maudit, belle et sévère. Nous passons la 1re rimaye, dont le passage est transformé en une sorte de baignoire verticale glacée! Les piolets sont toujours sur les sacs, alors nous nous débrouillons comme nous pouvons! Nous reprenons ensuite notre rythme impertubablement régulier et dépassons nombre de cordées. Nous atteignons la 2e rimaye, sous la grande pente qui mène à l'Epaule du Maudit. Ici, c'est l'embouteillage! Gilles force alors le passage sur la droite et s'envole dans la pente. Nous nous élançons à notre tour, assurés par notre guide 40 mètre plus haut, piolet-rampe et pointes-avant. Rien de très difficile, la neige est bonne, les mollets sont juste un peu douloureux. Nous atteignons l'Epaule en même temps que le soleil. Quel spectacle! L'Aiguille du Midi paraît déjà loin. Les Alpes Valaisannes sont superbes! Un flanc de coteau légèrement descendant nous mène au Col de la Brenva.

7h15. Col de la Brenva, deuxième pause, on sort les barres et les gourdes. Nous sommes à présent dominés par le Mur de la Côte et le sommet du Mt-Blanc. Les corniches du col sont gigantesques et impressionantes. Nous repartons pour le Mur, pente raide déjà empruntée par les premiers ascensionnistes Balmat et Paccard. La glace apparaît par endroits, mais nous tenons toujours notre rythme et passons encore des cordées. A présent, l'acclimatation fait la différence, nous nous sentons toujours bien. La vue s'ouvre sur la face nord du Mt-Blanc, celle visible depuis Genève, et l'arête des Bosses se dévoile, avec une multitude de fourmis-alpinistes la gravissant. A présent nous devons attaquer la dernière pente, 300m de dénivellée. Ce sera la plus longue, mais nous avons toujours notre rythme. Nous croisons de temps à autre des cordées malades, victimes de l'altitude. Le vent ne faiblit pas.

8h58. LE SOMMET!!! Nous sommes enfin sur la crête sommitale, après 5h30 de montée, un excellent horaire. La vue est époustouflante! Etrange sensation que d'être au-dessus de tout, aucun sommet ne dépasse, tous paraissent écrasés. On se croirait en avion! Au sud les Aiguilles de Tré-la-Tête, plus loin la Grande Casse, la Barre de Ecrins. A droite les Dômes de Miage, le bassin du Genevois, les Fiz et les Aiguilles Rouges, si basses. Puis nous pouvons admirer notre itinéraire. Le Maudit est loin, que dire du Tacul et de l'Aiguille du Midi? Nous admirons ensuite les Alpes Bernoises, Valaisannes. La lumière est magnifique, une légère brume traîne dans les vallées italiennes, mais les contours des sommets sont extraordinairement nets. Nous prenons les traditionnelles photos puis continuons 50m afin de voir à quoi ressemble l'arête des Bosses. Elle est aussi étroite que décrite dans les topos! Le vent et le froid nous poussent maintenant au retour.

9h20.Nous amorçons la descente.J'ai un petit coup de fatigue en revenant à l'Epaule du Maudit, mais la perte rapide d'altitude améliore rapidement mon état. Il faut dire que nous n'avons pratiquement rien mangé depuis le départ. Maud, quant à elle, continue solidement portées par ses cuisses d'acier!

13h00. Retour aux Cosmiques, fourbus mais excités, remplis de bonheur et de visions mirifiques. Merci Gilles pour cette magnifique journée! Et les Pius, et bien ils sont fiers d'eux!