A la frontière entre l'Italie et la France, entre la Dent du Géant et les Grandes Jorasses s'étirent les fameuses Arêtes de Rochefort, course renommée pour la beauté de ses lignes. Un voyage vers un nouveau 4000, dans un cadre somptueux.

Malheureusement, la sécheresse de cet été 2006, après celle de 2003, a laissé de traces... Le blanc n'est plus aussi virginal et tire un peu sur le gris, la glace apparaît par endroits, et les arêtes ne sont pas aussi belles que sur le photos. Mais qu'importe, elles nous tendent les bras, plus accueillantes car moins aïgues, nous n'allons pas bouder notre plaisir !

Itinéraire: du Refuge Torino traverser le Glacier du Géant en direction des Aiguilles Marbrées, longer leur pied et viser le contrefort rocheux qui descend de la Dent du Géant. Repérer un couloir qui remonte la première partie, à l'aplomb de la Dent. S'il est en neige, le remonter. S'il est en glace, ou sec, prendre par les rochers à gauche, plus ou moins sur un éperon qui mène au pied du gendarme 3665 (attention, si le couloir est sec, surtout ne pas s'y engager, et encore moins à la descente: chutes de pierres, il y a déjà eu des accidents !). Du gendarme, suivre une sente qui traverse à droite pour rejoindre un autre éperon, vers de grandes dalles verticales, sous lesquelles on chemine. De manière générale, plus on reste sur la droite, moins le terrain est pourri ! Peu avant la base de la Dent, on contourne une arête et des gendarmes par la droite (côté Italie) et on aboutit à la Salle à Manger (2h-2h30), au pied de la face sud de la Dent du Géant.
Il ne reste qu'à suivre l'arête, plus ou moins effilée suivant les conditions, jusqu'au point 3933. En redescendre par un pente raide (piton, sangles, corde fixe), suivre la dernière arête en contournant quelques rochers et arriver au pied de l'Aiguille de Rochefort. Remonter les rochers brisés (assurage possible sur des sangles en place), d'abord tout droit puis sur la gauche jusqu'au sommet (1h30).

Nous voilà parti avec notre ami guide d'Argentière, Gilles Ravanel, pour cette course mythique. L'ambiance en montant à Torino est au beau fixe, nous sommes tous heureux de nous retrouver pour une belle escapade.

Réveil à 4h00, nous partons à 4h40. Inutile de partir trop tôt, car le cheminement est un peu tortueux pour monter à la Salle à Manger et les premières lueurs du jour sont bien utiles. Le temps est mitigé, le Mont Blanc est pris dans les nuages, le sommet de la Dent du Géant parfois aussi. Normalement, cela devrait tenir jusque dans l'après-midi. Nous remontons le contrefort rocheux, en prenant bien garde de ne pas faire partir de pierres sous nos pieds. L'avantage d'avoir Gilles, c'est de ne pas se perdre dans des voies sans issues et gaspiller ainsi de précieuses heures dans des éboulis dangereux. Nos enregistrons ses conseils sur l'itinéraire (éperon de gauche, puis de droite) en vue d'une prochaine ascension de la Dent du Géant.

En arrivant à la Salle à Manger, lieu de départ pour la Dent du Géant, un vigoureux vent nous souhaite la bienvenue. Nous mettons nos crampons, passons nos vestes et mangeons un morceau. Nous découvrons ensuite ces fameuses Arêtes de Rochefort, un peu grises cette année. Nous reconnaissons la fameuse corniche sur la gauche. Nous démarrons cette traversée, pas trop difficile, la trace est large. Nous passons par quelques zones rocheuses, normalement recouverte de neige ! Alain part devant, suivi de Maud, et Gilles ferme la marche, pouvant ainsi nous surveiller ! La descente du point 3933 est l'endroit le plus "chaud", avec la désescalade d'une dalle rocheuse lisse, mais trop inclinée, normalement elle aussi invisible sous la neige en tant normal, avec l'aide d'une corde fixe. Puis on continue à descendre en pointes-avant une petite zone en neige-glace pour retrouver l'arête.

Au pied du dernier gendarme rocheux nous laissons nos crampons et nos piolets. Nous contournons ce gendarme par la droite puis escaladons quelques blocs avant de retrouver une arête de neige. Sans crampons, ni piolets nous ne nous sentons pas trop à l'aise, mais Gilles est déjà loin et a rejoint les rochers qui mènent au sommet. Nous le suivons en tirant quelques courtes longueurs. L'avantage d'effectuer des longueurs de 25 m, c'est que c'est plus rapide à trois, il y a moins de tirage et surtout on risque moins d'envoyer des projectiles sur ceux qui suivent.

Nous sommes les premiers au sommet. Le temps n'est pas vraiment au beau fixe et un petit vent frisquet nous saisi. Nous ne nous attardons pas et suivons le même chemin pour le retour. Nous mangeons un petit pic-nic après la salle à manger, à l'abri du vent. Le temps variable et les trouées dans les nuages forment de belles taches de lumières sur les sommets alentours. Nous prenons quelques photos et nous repartons bien vite. Rien de moins intéressant que de descendre l'amas de blocs qui jonchent le pied de la Dent du Géant. Fatigue et jurons lorsque les blocs roulent sous les pieds. Attention ne surtout pas descendre par le couloir central qui a pourtant l'air évident, mais qui est une vrai cannonière ...

De retour à Chamonix, nous prenons le temps de boire un verre et de regarder la pluie tomber! Nous sommes rentrés au bon moment, merci le guide!