Une
semaine de ski-snowboard-monoski hors piste et rando, en utilisant les remontées
mécaniques de la station et en marchant un petit peu.
Cette semaine a été organisée par Yvan Killisch de Force
5 à
Genève et Xavier Carrard, guide
de haute-montagne.
Départ
le lundi matin de Genève aux aurores pour rejoindre la station de Gressoney-la
Trinité en voiture. Il faut compter environ 3 petites heures de trajet
pour rejoindre cette station au fond du Val d'Aoste. La vallée de Gressoney
se trouve entre celle d'Alagna-Valsesisa à l'est, bien connue pour son
architecture caractéristique des Walser, et Champoluc (Val d'Ayas) et
Cervinia à l'ouest.
Nous
logeons au Refuge Gabiet, 2375m, charmant refuge-hôtel
situé au coeur du domaine skiable de Monterosa-Ski, au dessus du Gabietsee.
Nous sommes en effet au sud du massif du Mont-Rose, avec la Pyramide Vincent
en ligne de mire au nord. Les chambres à quatre ou deux lits sont confortables
et les sanitaires tout neufs, douches chaudes garanties! La nourriture italienne
est des plus copieuse et excellente, pasta ou risotto en primo piati, quel bonheur!
Bref, c'est le confort des refuges à l'italienne, et c'est bien agréable!
Nous
sommes 8 pour cette semaine. Il y a d'abord Xavier Carrard, à skis, qui
nous encadre pendant ces 5 jours. C'est un fin connaisseur de la région,
qu'il fréquente depuis de nombreuses années. Il y a évidemment
Yvan, organisateur, et son épouse Béatrice, tous deux à
skis. Nous accompagne encore Christophe, sur son snowboard transformé
en monoski magique, Jean-Marc en snowboard et casque, et vos serviteurs les
Pius: Maud et Alain, en snowboard. Serge, un ami de Xavier, prof de snowboard
... nous accompagne jusqu'à mercredi. Il sera remplacé jeudi par
Aude, l'amie de Xavier.
Il
a neigé la semaine précédente et la météo
semble plutôt favorable pour le sud des Alpes. On a fait des provisions
de Tobleronne et... c'est parti pour une semaine de freeride!
Départ
le lundi 1er mars à 7 heure du matin. Il faut compter environ trois heures
pour rejoindre Gressoney en passant par le tunnel du Mt-Blanc.
Les noms de lieux
utilisés dans les descriptions sont ceux que l'on trouve sur la carte
CNS 294 - Gressoney. Peut-être en existent-ils d'autres?
1er
mars: Betlinoforko (2905m), +185m, -1075m. Col
sans nom au dessus du Gabietsee (2910m), +270m, -540m
Retrouvailles
sur le parking au pied du télécabine de Stafal. Nous nous
entassons dans les bennes avec tout notre matos: sacs de voyage, sacs
à dos, skis, bâtons, surfs, ... Depuis la station intermédiaire
du télécabine une petit téléski et une piste
bleue nous amène au refuge. Faire du snowboard avec un sac à
dos plein à craquer et un sac de voyage dans les mains, c'est pas
de la tarte! Au refuge nous prenons possession des chambres. Deux chambres
à quatre lits, c'est pas bien grand, mais très confortable
et les duvets ont l'air bien moelleux.
Le patron
nous sert une assiette de charcuterie et fromages du pays pour remplir
nos estomacs qui grognent! Une fois rassasiés nous voilà
partis pour nos premières randos. Nous descendons à nouveau
au village, par les pistes, pour prendre le téléphérique
et le télésiège qui font la liaison avec Champoluc.
Du haut du télésiège nous partons en raquettes ou
à peaux le long de l'arête durant une petite heure. Le ciel
est bleu, la neige est belle, nous sommes en vacances!
La descente
débute près d'un petit col. Belle pente de neige striée
par quelques traces, mais notre guide sait où trouver des combes
peu tracées. Nous nous régalons de cette neige encore légèrement
poudreuse. Le panorama sur la vallée de Gressoney est magnifique.
Le bas de la descente est un peu moins bon suite à une coulée.
De gros blocs et une neige changeante obligent à la prudence. Ensuite
c'est la descente dans la forêt, l'itinéraire est très
tracé, car on retrouve les skieurs adeptes du hors piste mécanique.
Un véritable border-cross. Pas forcément le meilleur en
snowboard. Et ce ne sera pas le dernier ...
Nous
repartons par les télécabines et montons jusqu'au sommet
du domaine. De là nous suivons la piste qui redescend sur la station
jusqu'à mi-parcours. Nous rechaussons peaux ou raquettes et nous
voilà repartis pour une petite heure de montée. Le but est
d'atteindre un petit col (sans nom) qui ferme la combe s'étendant
au dessus du Gabietsee. Du col nous n'aurons qu'à nous laisser
glisser pour rejoindre le refuge. L'itinéraire est bien sûr
déjà tracé, mais une nouvelle fois Léon nous
trouve une jolie combe, bien raide et totalement vierge. Quel amour ce
guide! Une dizaine de virages dans une poudre de rêve et une lumière
de fin de journée, le bonheur est si simple ...
De retour
au refuge nous goûtons à la fameuse cuisine italienne: risotto,
suppe di verdure, viande et dessert. On ne va pas mourir de faim! Et puis
ce soir c'est une soirée spéciale. Le dessert a été
commandé d'avance: un gâteau au chocolat. Joyeux anniversaire
Léon!
2
mars: Descente
du Gabietsee (2370m) à Gressoney, +50m, -740m. Schrooarxehore
(2720m), +200m, -200m.
Ce matin le
temps est un peu gris, des nuages s'amoncellent sur le Mont-Rose, mais
de belles éclaircies apparaissent en direction du Sud. On espère
donc une amélioration. Malheureusement c'est l'inverse qui se produit.
Les rares morceaux de ciel bleu disparaissent et une grisaille généralisée
teinte le paysage. Mais nous n'allons pas nous laisser abattre par si
peu.
Départ
à 9h depuis le refuge en direction du barrage qui retient le Gabietsee.
Un petit quart d'heure de marche avant de se retrouver au sommet de la
pente, qui descend jusqu'à Gressoney-la-Trinité. Celle-ci
est déjà largement tracée et de plus on est en plein
jour blanc. La galère ! Et le pire nous attend, enfin surtout pour
les snowboarders et le monoskieur! La neige trafollée a durci pendant
la nuit et le bas de la descente est un "sentier" au dessus
d'un torrent. D'après Serge, le prof de snowboard, ce n'est pas
si terrible, il suffit d'avoir de bonnes jambes. Visiblement on a dû
se tromper de paire ce matin, parce qu'on a les dents entrechoquées
... Ça grogne un peu sur le route du retour au télésiège
(surtout Alain ...).
Xavier décide
d'aller voir ce qui se passe en forêt. La neige y sera certainement
meilleure et l'effet jour blanc moins pénible. Petite descente
sur le piste avant de chausser les raquettes pour rejoindre un petit sommet
au milieu des pistes. La descente en forêt est très agréable,
de larges clairières pour enchaîner les virages, une neige
bien plus poudreuse et même une petite barre rocheuse à sauter
pour Yvan, notre rider fou. Nous voici réconciliés avec
le hors-piste! La descente nous ramène sur le bas des pistes en
direction du télécabine.
Petite pause
réparatrice au "Wunderbar" - qui deviendra notre point
de ravitaillement durant cette semaine - pour manger une bonne pizza ou
un panini, avant de repartir à l'assaut des cimes. Pendant notre
petite agape, le ciel s'est peu à peu déchiré et
des rayons de soleil apparaissent çà et là. Ni une,
ni deux, nous voilà repartis.
Xavier
a repéré un petit couloir hier soir en descendant sur le
refuge. Nous prenons donc les télécabines jusqu'en haut
et descendons le long de la piste que nous quittons à mi-parcours,
pour remonter en direction du col de Schrooarxehore. La pente est un peu
chargée et nous gardons nos distances. Xavier fait la trace. Derrière,
Christophe se bat avec ses raquettes, il finira par les dompter avant
la fin de la semaine! Arrivés au col, une mauvaise surprise nous
attend. Le vent a créé un corniche et il a surtout dégagé
les cailloux juste en dessous. Trop risqué, décide notre
guide. Pas grave, lui dit-on, on va pouvoir descendre par la voie de montée
qui semblait bien poudreuse. Effectivement la pente finale, vierge de
trace est un vrai régal, 20 cm de poudre et surtout le beau temps
qui était de retour.
Les plus fatigués
sont ensuite rentrés au refuge et les autres sont repartis pour
faire l'un des couloirs du Stolemberg. La Piute était de la partie,
bien mal lui en a pris, une faute de carre (et oui, même en snow')
et bim bam boum en bas le couloir! Plus de peur que de mal, heureusement
! Retour au refuge par une longue traversée, ouïe ouïe
les mollets!. Qu'est-ce qu'on a bien dormi cette nuit-là.
3
mars :sous le Stolemberg (3110m) à la Balma, +230m,
-900m. Hochliecht
(3190m) à Stafal par la Vallée Perdue, +120m,
-1360m.
Départ
à 9h avec la première benne. C'est devenu notre routine!.
Du sommet des installations une vingtaine de minutes suffisent pour
rejoindre un col avant le Stolemberg. De ce col nous plongeons sur le
versant face à la vallée d'Alagna. La neige est soufflée,
dure et trafollée sur le haut, mais cela s'améliore dans
le milieu de la pente. Des dérapages pour certains, des virages
pour les plus courageux! Puis une belle pente avant de rejoindre un
itinéraire balisé et les remontées mécaniques.
Et là, ça vaut le déplacement! Retour en arrière
dans les années 50 et les premiers "paniers" qui montaient
les skieurs aux sommets des pentes. Il faut courir derrière la
panier et sauter dedans, on peut tenir à deux dans un panier.
Du grand art! Ensuite on profite d'une montée à l'air
libre. Personnes sensibles au vertige, fermez les yeux! Après
cette expérience intéressante nous prenons un téléphérique
qui doit dater de la même époque et qui nous dépose
au sommet de la Punta Indren, vers 3235m.
La
vue sur le Mont Rose est magnifique, le panorama est époustouflant!
Le Grand Combin à l'extrême droite, les Jorasses, le Mont
Blanc, le Grand Paradis, la Vanoise, même le Viso est visible
plein sud! Plus à gauche, la plaine du Pô et les Alpes
Slovènes! Nous avons vraiment l'impression d'être au coeur
de l'Arc Alpin, beaucoup plus qu'à Chamonix. Aucun fond de vallée
n'est visible, les sommets enneigés s'étendent à
perte de vue!
Normalement
nous avions prévu de partir en direction de Malfata. Mais au
vu de la foule qui s'y presse nous partons dans la direction opposée
en direction de Hochliecht. Une fois de plus Xavier avait repéré
depuis les pistes une pente faisable, au-dessus de la Vallée
Perdue. Une belle montée au soleil qui nous amène au dessus
d'une pente ... intéressante. C'est plutôt raide, et un
peu exposé. L'enneigement est juste suffisant et il faut surfer
sur des oeufs, mais la neige est bonne (orientation ouest) et nous sommes
les seuls à avoir eu cette idée, merci Léon! Un
rétrécissement nous oblige à quelques dérapages
contrôlés, avant de rejoindre une belle grande pente sous
la barre rocheuse que nous venons de passer. Nous rejoignons alors la
Vallée Perdue et les glaciers qui descendent du Mont-Rose. Dieu
que c'est beau! Passages à raz les séracs, ambiance haute-montagne,
avant la forêt de mélèzes, où la neige de
printemps est très agréable. Et surtout qu'il n'y a pas
d'autres traces que les nôtres. Puis nous retrouvons notre boarder-cross
de lundi et notre fameux Wunderbar pour une pizza et une bonne bière!
A
nouveau une belle journée et une dernière descente dans
une très grande ambiance. Les plus courageux repartiront taquiner
les couloirs autour du refuge. Les autres s'affaleront sur les transats
de la terrasse du refuge pour admirer le coucher de soleil. Christophe,
notre monoskieur, prendra une leçon de ski avec Yvan au grand
bonheur des spectateurs ! Position chasse-neige assurée pour
les premiers virages !
C'est
ce soir que Serge nous quitte et rentre à Leysin. Merci pour
tes conseils et tes petits trucs pour mieux surfer (dramatique ces contre-rotations
nuisibles!).
C'est
également ce soir qu'Aude (2e moitié de Xavier) nous rejoint
pour nos dernières randos. Bienvenu!
Voilà
deux jours que notre guide nous parle de Zube, de ce vallon sauvage et
magnifique avec ses petits villages abandonnés en hiver. Nous nous
réjouissons de pouvoir constater tout cela de nos propres yeux.
Départ avec la première benne à 9h. Nous repartons
sur nos traces de lundi soir, mais obliquons à gauche pour rejoindre
le col Zube au lieu du col sans nom. La montée est très
agréable, peu de conversions pour les skieurs, la trace s'enfonce
dans un immense plateau blanc enserré entre les montagnes. L'arrivée
au col Zube et la vue qui se dégage d'un coup sur toutes les Alpes
italiennes, autrichiennes et slovènes ainsi que la plaine du Pô
sous le brouillard est à couper le souffle.
Du
col nous basculons dans le vallon de Zube. Notre guide ne nous avait pas
menti, l'endroit est magnifique. Nous sommes seuls au monde et rien ne
vient perturber la tranquillité du vallon. La neige est excellente
et bien que ce parcours soit bien connu et déjà tracé,
Léon nous trouve toujours des pentes vierges. Comment fait-il?
Il fait grand beau et le soleil commence à taper sérieusement.
Petite pause au premier village pour enlever vestes et polaires qui rejoignent
les sacs à dos. A partir de ce village, la descente devient moins
intéressante. Les grandes combes sont derrière nous et il
nous restent les chemins et de petites pentes en neige de printemps pour
rejoindre le fond de la vallée et le village d'Alagna. Fort heureusement
il a neigé en abondance, même dans la forêt et nous
n'aurons pas besoin de déchausser. Le parcours est parfois un peu
sportif en snowboard, mais le décor est somptueux et nous pouvons
admirer ces fameux villages Walser!
Depuis
le village d'Alagna nous reprenons les remontées mécaniques
qui nous amènent à la Punta Indren. Non sans avoir fait
une petite pause-panini au bar du Freeride Paradise ! On ne va tout de
même pas changer les bonnes habitudes. Il est déjà
14h. et nous sommes tous un peu fatigués. De plus le temps commence
à se couvrir. Plutôt que de redescendre sur Gressoney par
Salsa et risquer de ne pas pouvoir remonter au refuge en télécabine,
Léon nous entraîne vers le Stolemberg pour descendre sur
Endre et rejoindre ainsi la station intermédiaire, par cette longue
traversée qui fait siffler les mollets des snowboarders !
Dernier
jour de cette semaine. Chacun refait ses bagages et vide sa chambre avec
une légère mélancolie. En plus le temps s'est couvert
et des bancs de brouillard envahissent la vallée et s'accrochent
aux sommets. Nous redescendons à ski ou en télécabines
toutes les affaires pour remplir les voitures. Léon nous emmène
pour notre dernière course, skier les pentes sud de la Punta Teltschospetx.
Nous partons par le télécabine jusqu'à Gemschhore
et descendons par les couloirs en direction de Endre. Depuis là
nous collons les peaux ou chaussons nos raquettes pour une heure de montée
en direction de la punta Teltschospetx, nous nous arrêterons au
col, point 2720 sur la carte suisse.
L'ambiance
est étonnante: chaleur, brouillard, soleil. Une nouvelle fois nous
sommes absolument seuls, les seules traces que nous croisons sont celles
d'un petit lynx. La descente est tout simplement merveilleuse, pas une
trace et une neige transformée très agréable à
surfer. Le brouillard s'est momentanément dissipé, heureusement
car il ne faut pas manquer le petit goulet qui permet de passer la barre
rocheuse. Sinon il est obligatoire de remonter et de le chercher, c'est
le seul passage ! Nous rejoignions la station de Gressoney par le bas
des pistes, il est 12h30. L'heure d'une pizza ou d'un panini sur la terrasse
du WunderBar, avant de rentrer sur Genève avec des souvenirs plein
la tête.
Le refuge
Gabiet situé au milieu des pistes, ressemble plus à un hôtel
1* qu'à un véritable refuge. Les chambres à 2 ou
4 lits sont très confortables et toutes chauffées individuellement.
Les lits sont douillets: couette, coussin et matelas d'excellente qualité.
Les douches à l'étages sont neuves, la pression est bonne
et l'eau chaude coule à profusion.
Le patron
Sandro Gabiet est un amour d'hospitalité. Tous les matins il vous
remplit votre thermos d'un thé bien chaud et bien sucré.
Il vous mitonne avec son cuistot de bons petits plats à l'italienne,
on vous recommande les lasagnes! Il prépare les feux de cheminée
au salon et à la salle à manger pour le soir. De plus son
refuge-hôtel est d'une propreté toute suisse et tenu d'une
main de maître.
De retour
après une bonne journée de ski le choix entre une bière
au bar et refaire sa journée avec les potes ou s'affaler dans les
canapés du salon devant la télé ou la cheminée
était un choix cornélien. Mais tous le monde attendait 19h
avec beaucoup d'impatience, histoire de se remplir l'estomac de pastas
et autres bonnes choses!
Au refuge,
on était un peu comme chez nous, bien au chaud !
Durant cette
semaine nous avons parfois souffert du jour blanc, d'une neige pas terrible,
de courbatures le matin, d'asthme durant les montées pour certaines,
mais nous avons surtout passé de bon moments. Serge, le clown de
l'équipe, ne ratait pas une occasion de faire le pitre. Yvan et
ces moments de folie, Jean-Marc et ses conquêtes féminines,
Christophe qui se met au ski, les filles qui n'en font qu'à leur
tête, on a finalement beaucoup rit ! Voici quelques images prises
sur le vif qui en témoignent !