Treize longueurs pour gravir cette flamme de pierre sur un granit magnifique, tout en rondeurs. Cette aiguille pourrait bien être l'emblême du Massif du Soreiller, en bordure du Parc des Ecrins!

Xavier Carrard, notre ami guide qui nous avait déjà emmené à Greyssoney, nous organise cette course. Nous avions d'abord prévu de grimper à Chamonix, mais les importantes chutes de neige sur le massif pousse Xavier à nous emmener plus au sud. Cap sur l'Oisans! Direction le Refuge du Soreiller, entouré de sommets présentant de magnifiques voies de granit. Un de ceux-ci n'est autre que la célèbre Dibona! Quelle chance, nous n'avons jamais été dans cette région!

2h30 de voiture nous emmènent jusqu'aux Etages, juste avant la Bérarde. Nous remontons ensuite le magnifique vallon qui mène au refuge, avec en ligne de mire la Dibona. Vraiment impressionante! C'est réellement là-haut que nous allons? Coup d'oeil inquiet en direction de Xavier... Arrivés au refuge, quelques tranches de tartes plus tard, topo en mains, nous planifions notre course du lendemain et optons pour la Madier, moins soutenue que Visite Obligatoire, le must du coin. La chance sera avec nous, puisque nous serons seuls dans la voie! Peut-être à cause de la fissure éponyme, un peu revèche? Toujours est-il que 13 longueurs ce n'est pas rien, que l'escalade est assez raide (impression accentuée par la présence du refuge au pied), que le rocher est superbe, et que grimper avec Xavier est un plaisir!

De manière générale la voie emprunte les lignes de faiblesse de la face. Il faut se rappeler qu'elle a été ouverte dans les années 30 en "grosses"! Les difficultés ne dépassent pas le 5+, sauf dans la fissure Madier (6a+). La voie remonte d'abord un long dièdre sur la moité de la hauteur de l'aiguille. On en sort par la droite pour rejoindre la vire Boell, à la base du bastion sommital. C'est ensuite la fameuse fissure Madier, dont la difficulté a augmenté suite à la disparition d'une écaille coincée! L'une ou l'autre des voies existantes mène ensuite au sommet. Les relais sont plus ou moins équipés. De nombreux spits égayent la voie, mais un complément de protection est nécessaire (coinceurs, friends, sangles). Environ 5h00 d'ascension pour 350m d'escalade.

L1: Une dalle facile mène au pied du dièdre. (4)
L2: C'est le départ du dièdre que l'on remonte sur 5 longueurs. Il démarre par le passage du tunnel. (4+/5)
L3 - L6: On remonte le dièdre en passant parfois par des passages en dalle sur la gauche. (5/5+)
L7(-L7bis): On sort du dièdre par la droite et l'on remonte un système de cannelures-cheminées jusqu'à la vire Boell. Cette longueur peut être coupée en deux, comme nous l'avons fait. (5)
Vire Boell: La parcourir de gauche à droite. Pulsieurs voies partent de là. Repérer au bout le départ de la fissure Madier. (3)
L8: La fameuse fissure Madier, si typique du granit. On se croirait à Chamonix! Remonter la fissure sur 10m (5c), traverser à gauche et contourner une écaille surplombante (5c) et continuer dans une 2e fissure, plus large (1 pas 6a+, athlétique). Depuis la chute de l'écaille, le passage est plus dur et exposé. Cependant 2 friends coincés à tout jamais offrent une protection bienvenue.
L9: Une longueur plus facile en cannelures jusqu'à une terrasse. (5)
L10: Un départ déconcertant, puis ça devient plus facile. (5+/5)
L11: Nous avons emprunté une longueur de "Visite Obligatoire", une longeur en dalle très fine, absolument magnifique! (5c, spits)
L12: Encore des écailles. (5)
L13: Gravir (plus dur) ou contourner par la droite un gendarme, avancer sur une vire puis emprunter une cheminée à gauche pour rejoindre le fil de l'arête et le sommet! (5)

On retrouve du monde au sommet, car forcément toutes les voies y convergent! Il est aussi atteignable par la voie normale (PD), qui nous sert d'itinéraire de descente: 2 rappels de 25-30m, une vire puis un sentier dans les éboulis ramènent au refuge. En début de saison la neige est encore bien présente.

Cette classique mérite le détour; re-visiter l'histoire de l'Alpinisme sur de tels sommets est un régal! Merci Xav'!