Une très belle descente, homogène, entre 30 et 35°, sur la rive droite du Val d'Entremont.

Les chutes de neige de ces derniers jours, et en particulier de la veille, ont bien blanchis les pentes jusqu'assez bas. Cette course, orientée SW puis W, est en général vite déneigée dans sa partie inférieure. Nous pensons donc profiter des bonnes conditions actuelles. Nous partons cependant méfiants, car le risque d'avalanches est estimé à 3/5, et les pentes vont jusqu'à env. 35°. Une bonne évaluation sur place sera donc de rigueur !

Itinéraire: Depuis le parking sur la droite en montant, entre Liddes et la première galerie, monter en direction des chalets de la Combe, puis vers ceux des Barmes. Contourner une petite barre de rochers par la droite en visant le pt. 1795. Gravir la pente qui se raidit direction NE jusqu'à un replat vers 2100m, puis partir en direction du Coeur, au nord (2233 m). Continuer sur la croupe jusqu'au ressaut terminal qui se contourne par la droite et atteindre le sommet.
Descente: si les conditions le permettent, tirer assez rapidement dans la belle combe SW, soutenue, pour retrouver le replat vers 2100m et l'itinéraire de montée.

Nous sommes partis d'un peu plus haut sur la route, en empruntant le chemin goudronné qui mène aux chalets de la Combe. Il est cependant bien dégagé et donc impraticable à la descente. Assez vite, nous trouvons une trace faite par un randonneur solitaire, qui nous précède de peu. Quelle chance ! Nous atteignons le pt 1795, puis la pente se redresse. Nous ne sommes pas très tranquilles, la pente semble bien "plaquée". Il faut dire que le vent du nord a soufflé hier toute la journée. Nous prenons nos précautions en laissant une grande distance entre nous. La neige est bien "liée", la trace ne s'effrite pas, autant de signes qui mettent nos sens en alerte, d'autant que la pente est probablement comprise entre 30 et 35°. Cependant, si nous appliquons la Méthode de Réduction, nous sommes encore du bon côté (pente < 35°, versant SW, petit groupe avec distance de délestage).

Nous retrouvons sur le replat à 2100 m notre randonneur solitaire, Stéphane, un sympathique Vaudois émigré à Commeire. Nous partageons nos visions du danger et sommes assez d'accord. Mais maintenant le plus dangereux est probablement passé, car nous allons rejoindre l'alpage du Coeur et la croupe qui monte jusqu'au sommet. La neige y est plus soufflée, des touffes d'herbe dépassent, pas de plaques à vent ici ! C'est à notre tour de faire la trace, c'est la collaboration des randonneurs !

Nous arrivons sous le ressaut rocheux sommital. Le foehn, qui s'est levé pendant la montée, forcit un peu. Les sommets de la crête frontière, au sud, comme le Vélan, ou le Super St-Bernard, sont pris dans les nuages. Nous aimons beaucoup ce versant du Val d'Entremont, qui est assez impressionnant, avec sa chaîne de sommets rocheux à plus de 3000m, du Rogneux à la Pointe de Boveire, du Ritord au Combin de Valsorey, invisible depuis ici. La belle combe de la face sud du Rogneux est parfaitement visible, ainsi que les faces nord et ouest du Bonhomme du Tsapi, de prochains objectifs !

Au détour d'une petite traversée en face SW, nous trouvons que la neige est plus stabilisée ici que dans la pente du bas. Probablement sous l'action du soleil, due à son orientation. Peut-être sera-t-il possible de descendre la combe SW, après tout ? Quant aux quelques dizaines de mètres qu'il nous reste à gravir, nous préférons malgré tout avec Stéphane monter à pieds en brassant dans les rochers, que de passer par la gauche en traversant une pente raide et un peu exposée.

Enfin nous atteignons le sommet, après 4h d'efforts et de traces partagées, essoufflés et les mains rafraîchies après avoir déblayer la neige poudreuse sur les rochers. Il ne fait pas chaud, le pic-nic ne sera donc pas pour maintenant. Préparation pour la descente, on enlève les peaux, on se rhabille, on boit un coup, tout ça en même temps ! On est prêt, il est temps de s'élancer !

Mais pas n'importe comment. Stéphane part d'abord, par la traversée que nous avions évité à la montée. Puis nous suivons. Assez vite nous décidons d'aller voir la pente SW, cette magnifique combe de plus de 600m. Les conditions nous semblent sûres, et d'ailleurs rien ne bouge. Au contraire, le soleil fait son oeuvre et la neige s'alourdit un peu. On sent aussi parfois la croûte sous-jacente, sous les 20-30 cm tombés hier. Les virages s'enchaînent, mais pas facilement. Il faut de la cuisse, il est délicat de prendre de la vitesse, et les skis ne restant pas trop en surface, raclent parfois sans prévenir la vieille neige. Maud, avec sa board, se balade ! Et Alain regrette un peu ses Thunder, plus larges - mais plus lourds - que ses Evolution. Mais le plaisir est là, il n'y a pas une trace, et il y a une belle ambiance. Après les derniers virages en commun, 1000m plus bas, nous nous séparons, Stéphane finissant sur la droite, et nous directement sur la voiture, moyennant quelques sauts de murets pour les cultures et passage de clôtures.

Une belle rando, un joli dénivelé, mais avec une approche consciencieuse due aux conditions. Mais ce n'est pas souvent dans l'année que cette course est en conditions, du haut jusqu'en bas, avec arrivée skis aux pieds à la voiture.