Un joli couloir, un peu isolé, pas trop long, parfait pour de l'initiation à la pente raide.

Les Dents de Proz se situent au sud du Petit Vélan, entre celui-ci et l'Aiguille du Vélan. Cette arête, qui mêne au Mont Vélan, est bien connue des amateurs de couloirs: couloir W du Petit Vélan, plusieurs couloirs dans la face ouest du Vélan, dont le fameux couloir Annibal. Les Dents de Proz recèlent deux échancrures skiables. La première, un peu plus difficile, est celle que l'on voit d'abord en montant, belle ligne blanche sur la gauche. Le couloir est est quant à lui invisible au début, car caché derrière une arête rocheuse. Il est plus court (200 m) que son voisin et un peu moins engagé.

Montée: longer le téleski (40 mn) du Plan du Jeu puis remonter la grande pente au-dessus, souvent en neige dure au printemps. On arrive sur le glacier de Proz, ou ce qu'il doit en rester. Alors que la trace s'incurve en général vers la droite en direction des Pointes de Molenne, continuer tout droit (est), on passe alors au droit du premier couloir, le couloir ouest, puis appuyer à gauche (NE) pour entrer dans un cirque qui se termine par un petit couloir orienté sud-ouest (2h). Le remonter jusqu'au petit col (env. 3300 m, 1h), à l'est du sommet 3330.
Descente: Idem

Voilà de quoi s'initier à la pente raide et aux couloirs. Seulement... je vous dévoile la fin de l'histoire... la neige n'a pas ramolli de la journée et les deux tiers du couloir était en neige "béton"! Pas le même engagement, du coup...

Départ à 9h25 du parking, pas pressés, il fait plutôt frais. Ce courant du nord en place depuis plusieurs jours est toujours bien présent. Les conditions ne sont plus très bonnes, les pentes nord ont dû prendre le vent du nord, alors en visant un orientation SO, on se dit que la neige aura le temps de chauffer un peu. Que neni ! L'isotherme bas (1800 m ?) et vent sensible ont empêché la transformation tant recherchée, qui nous auraient permis de tracer de belle courbes sur du velours... arêtons le rêve !

Une fois atteint le Glacier de Proz, nous observons le premier couloir, il a belle allure, mais les topos le décrivent comme plus long, plus raide et plus engagé que le notre. Nous progressons dans le petit cirque, sur une neige alternativement dure ou sculptée par le vent ! Il n'est pas encore 12h (heure d'hiver), le soleil éclaire déjà le couloir. A son pied nous mettons les skis sur le sac et les crampons aux pieds, Maud un piolet à la main et c'est parti !

Les premiers pas annoncent rapidement la couleur: la croûte de surface est assez dure pour soutenir une première pression du pied, mais pas notre poids ! Pire, y a pas ! Les cuisses brûlent, nous nous relayons pour faire la trace. Au dernier tiers, nous sommes à l'abri du vent, là il fait chaud, on dégouline ! La neige est plus molle, tous les espoirs sont alors permis. Le temps d'arriver en haut, de se préparer, et le soleil aura fait son travail !

Nous arrivons au petit col, sur l'arête, acceuilli par un fort vent du nord. La vue est saisissante, surtout que nous connaissons mal ce versant. On domine le Petit Vélan, dont la face Est est tracée en direction de la cabane du Vélan, on voit en face le Beaufort, et plus à droite la face SO du Combin de Valsorey.

Il est temps de remballer les crampons et de se préparer à la descente. Je pars en premier, rive droite, celle qui a le plus pris le soleil. Après 10m la pente se raidit, j'enchaîne un premier virage, puis un deuxième. J'envisage même d'en faire deux à la suite, houla, on s'enhardit ! Je m'arête pour attendre Maud et prendre quelques photos. Elle me rejoint et je continue. La neige commence à devenir plus dure, le vent qui souffle empêche la transformation. J'atteins un petit retrécissement, plus raide comme souvent. La neige est maintenant franchement dure en rive droite, et pleine de boules et d'irrégularités au milieu et à gauche. Virages sautés, courts, ça passe. Je m'arrête et attends Maud. La neige est trop dure, et l'art du virage sauté en snowboard requiert puissance et vigilance. Ce sera donc un long dérapage jusqu'en bas, laborieux mais plus sûr. Quant à moi, je suis bien content d'être sur deux skis. Nous nous retrouvons en bas, molaires déchaussées et chaussettes tombées tant la neige nous secoue. Beurk ! Infâme.

Il ne nous reste à présnt qu'à nous laisser glisser/secouer jusqu'en bas. On va même trouver quelques mètres carrés où poser deux-trois virages. Mais la neige reste globalement dure, malgré qu'il soit 14h. Quelle misère! Deux skieurs de retour du couloir Annibal nous confirme qu'eux aussi ont eu des conditions exécrables, voire dangereuses.

Voilà les aléas de la montagne. On a beau essayer d'être plus malin, mais c'est à elle que revient le dernier mot. On va dire que c'est l'expérience qui rentre !