Quel cadre ! Une belle et longue montée effectuée dans des conditions exceptionnelles !! Tout y était: poudreuse, météo, panorama !
Encore une rando qui ne s'est pas déroulée comme prévu, pour notre plus grand plaisir ! N'étant pas du tout sûrs de notre motivation pour le samedi matin, surtout après une arrivée tardive au chalet le vendredi, nous nous sommes dit que nous allions faire juste une incursion dans le bassin de l'A Neuve, jusqu'à la cabane du même nom, histoire de voir le coin. Organisation en conséquence: réveil tranquille à 7h00, après quelques hésitations dues aux nuages qui trainent encore, départ de la Fouly à 8h30 . Horaire incompatible avec le sommet, tout l'itinéraire est orienté sud-est !
Première constatation, la petite perturbation de la nuit a déposé un peu de neige fraîche, 5 cm en bas, et les parois alentours sont bien plâtrées. Bien ! Deuxième constatation, il fait frais, la météo a bien fait sont travail, le 0° est sensé se trouver à 1500m. Et une petite bise souffle par moments.
Itinéraire: De la Fouly (1596 m) prendre le petit pont en contrebas de la route et suivre la piste de fond. Remonter le vallon des Essettes (ou de l'A Neuve) en se tenant plutôt en rive droite de la Reuse de l'A Neuve. Vers 2200 m obliquer à droite pour traverser une moraine puis remonter une grande pente vallonnée (>30°). On en sort vers 2700 m sur un plateau, env. à la même hauteur que la cabane, visible à droite. Continuer de monter une vaste combe, entre les Essettes et l'éperon rocheux au milieu du glacier de l'A Neuve. On arrive au pied de la "Bosse" (env. 3200 m). Elle se remonte en restant à droite, en passant au pied des rochers venant du Col de Saleina. En haut tourner à droite et se diriger vers le col (env. 3450 m) bien marqué à la base de l'arête E menant au sommet. Remonter celle-ci jusqu'au sommet (neige, rochers).
Descente: Par l'itinéraire de montée. Plus intéressant, on peut passer par la branche sud du glacier de l'A Neuve (plus raide, plus crevassé).
Nous attaquons notre montée la fleur au fusil, en suivant les traces de nos prédécesseurs. Nous nous retrouvons rapidement dans le brouillard et sommes bien contents d'avoir une trace à suivre. Les nuages se déchirent parfois, laissant apparaître les sommets alentours. Quel spectacle ! Le Dolent, l'aiguille de l'Amône et ses belles pentes de neige, le Tour Noir. Des volutes ouatées montent et descendent au gré des courants, l'ambiance est féérique, on se croirait déjà en haute-montagne alors que nous ne sommes qu'à 2500m.
La couche de fraîche s'épaissit pour atteindre 10 à 15 cm. Mmmmh ! Nous remontons la grande pente qui mène au niveau de la cabane. La trace est bien raide, visuellement on se croirait sur un simple faux-plat, mais c'est bien plus raide que ça et nous prenons rapidement de l'altitude. Nous croisons deux collants-pipettes à la descente (ils nous avaient déjà dépassé il y a belle lurette), profitant de la bonne neige, avant de remonter !! Quand à nous, nous faisons une petite pause. Maud souffre d'une crampe sous la plante du pied, due aux cales de ses raquettes. Nous en profitons pour boire et repartons. Nous sommes bientôt à la hauteur de la cabane (2735m), peu visible sous la neige, collée sous l'arête des Essettes et passons bientôt la bifurquation des traces d'un groupe parti pour le Col des Essettes. Il s'agit de Secret Spot et ses amis... Ils sont dans le couloir, le remontant à pieds.
Quelques skieurs sont juste au-dessus sur le plat au bas de la Bosse, vers 3100m. Je me dit qu'après tout, on pourrait pousser jusque là-bas. Nous y arrivons finalement, après 1500m de dénivelé. J'enlève mes skis et me restaure. Maud propose ensuite d'aller voir le paysage au-dessus de cette Bosse. Bon, après tout pourquoi pas. Jusqu'à maintenant je me disais que le sommet était inatteignable, que nous sommes trop tard, et que demain nous avons une sortie prévue avec Secret Spot ! Il faudra être en forme ! Mais je sais aussi qu'une fois sur la bosse le sommet ne sera plus bien loin (moins de 200m).
Nous attaquons vaillamment cette dernière pente, en croisant du monde qui descend. Nous sommes les derniers à monter... Mais le fond de l'air est bien frais, la neige poudreuse, on est loin de la surchauffe classique de cette sortie habituelle de printemps ! Au sommet de la bosse la bise soulève des tourbillons de neige, il faut refaire la trace. Il s'agit de redoubler de prudence, car le plateau glaciaire est passablement crevassé, et comme nous sommes partis à la fraîche, nous n'avons ni baudrier, ni corde, ni piolet... Et Maud est en raquettes, moins sûres que des skis. Mais à notre décharge, il y a beaucoup de neige, et nous n'avons aperçu qu'une seule crevasse. C'est plutôt bien bouché ! Dans un dernier effort nous atteignons la base du petit col d'où part l'arête rocheuse pour le sommet. Un groupe franco-neuchâtelois en redescend à ce moment. Nous posons nos skis et nos sacs et grimpons à pieds les 20 derniers mètres jusqu'au col, que nous atteignons à 13h40. 5h20 de montée, nous décidons d'arrêter ici. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour les Pius, et une grosse fatigue ! 1860m de montée, c'est notre record !
Le sommet ne nous manque pas trop, nous l'avons déjà gravi en été (voir ici), depuis Saleina. Nous sommes très fiers, même si cette course est une classque et voit des centaines d'alpinistes chaque année. Nous savourons aussi le pied de nez que nous avons fait à notre projet de nous arrêter à la cabane !
Nous nous restaurons tout en discutant avec ces quatre sympathiques alpinistes, puis les regardons partir. Nous sommes désormais seuls là-haut, ce n'est pas pour nous déplaire. Nous nous préparons et attaquons la descente. Les jambes sont fatiguées, et les premiers virages hésitants. Mais très vite le plaisir revient, il y a bien 15cm de poudre, nous taillons de grandes courbes, entrecoupées de prises de photos. Le rêve ! Poudre, puis "moquette" plus bas, délicieusement transformée. Les pentes sont larges, il y a du choix !
5h de montée, 50 mn de descente... La fin est douloureuse pour les jambes, nous sommes contents d'arriver à la voiture ! Mais tellement heureux ! Il n'y a probablement peu de jours dans l'année pendant lesquels on peut monter à la Grande Lui en partant à 8h30, sans matériel de glacier, dans la fraîcheur, avec de la neige poudreuse qui reste froide, et en évitant la foule ! Le hasard a bien fait les choses, et nous avons su saisir notre chance. Oui, une bien belle journée ! Quant à demain...
Date:
10 mars 07 voir aussi le 13 fév. 2010 17 avril 2010 |
Accès: |
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Carte: CNS 1345 - Orsières (1/25 000), CNS 282S Martigny (1/50000) |
Topo: Labande Valais Central, course - C2C Skirando |